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Interview de Camille Gillet : l’art du storytelling sous toutes ses formes !
- 15/04/2024
- Posted by: Lucie
- Category: Interviews
Lucie : Hello Camille !
Pour commencer cette interview, je te propose un exercice de storytelling (bah, hey, autant que j’en profite !) : tu nous racontes l’histoire de Camille Gillet ?
Camille : Oh, misère… Si je voulais faire les choses “bien” pour l’engagement, je monterais cette histoire façon “storytelling de la hess”. J’parlerais du fait que j’étais une enfant battue qui se réfugiait dans les histoires, du fait que ma mère se moquait de mes fautes d’orthographe et de mon style d’écriture, qu’elle m’a empêché de faire L parce que “t’as pas le profil” […] et de plein de trucs gores et graves avant d’arriver à la conclusion que, finalement, voilà la personne que je suis aujourd’hui. Ça cartonnait, et on retrouverait en plus la notion de 0 à héros. Parce que oui, dans mon histoire personnelle, comme dans toutes, il y a tous les ingrédients du voyage du héros. Un peu comme si c’était le schéma universel…
Et si je voulais faire les choses “bien” pour ma marque, j’éviterais de parler de mon syndrome de l’imposteur qui me poursuit malgré les différents livres ou pièces de théâtre que j’ai déjà écrits, et tout ce que j’ai pu “accomplir”. D’ailleurs, je listerais tout ça pour bien montrer que je suis légitime. Sous forme de liste à puces, pour que ça soit digeste, hein. Puisque je n’ai pas encore les moyens de me payer un documentaire Amazon facile à suivre tout en scrollant sur TikTok.
Mais je trouve que ce format d’interview commande la plus grande intimité et simplicité dans le sens. Alors, voici mon histoire : je suis et je reste une enfant curieuse qui demande sans cesse “pourquoi” et qui voit naturellement depuis toujours comment les histoires tentent de répondre à ces pourquoi. Je suis cette gosse qui, au lieu de démonter le magnétoscope avec un tournevis, a mis un énorme coup de canif dans le voile de la réalité pour mieux comprendre les rouages derrière. Et qui, sans discontinuer, déchire ce voile en vous tirant par le bras pour vous dire : “hey, regardez, c’est comme ça que se raconte vraiment la vie !”
Mon histoire, c’est en fait celle de l’humanité – oui, rien que ça !, c’est celle de quelqu’un à la recherche du sens et qui puise, dans les récits, la réponse “à la grande question” (42).
Lucie : Tu parlais de l’écriture de tes livres, tu as fait des livres complètement différents, tu nous parle déjà de tes récits fictifs ? Après on parlera de ton dernier livre sur le storytelling 😉
Camille : Jusqu’ici j’ai écrit deux livres, quatre, si on a envie de tricher : un recueil de nouvelles et une trilogie. Mais, tu as totalement raison, côté récits fictifs, je m’attaque à tout en format nouvelle. Format roman, je constate que j’ai tendance à rester dans le même type d’univers. Si je me base sur les romans inachevés-mais-en-cours que j’ai ici ou là.
J’ai tendance à beaucoup écrire de fantastique. Pas dans le sens “Donjons et Dragons”, plus dans le sens “une touche de magie ou d’onirisme derrière le monde normal”. J’aime beaucoup raconter le sens merveilleux des choses communes. Ou bien faire croire à un monde étrange, alors qu’il s’agit avant tout de psychose (c’était le cas dans la nouvelle “No Brain”, par exemple).
Bref, j’écris depuis que j’ai 6 ans. J’ai vraiment travaillé de tout, de la fanfiction, du récit original, peu importait. Je n’ai rien gardé. À la fois parce que quand on est gosse, on fait pas attention à ces choses (et mes parents n’ayant rien gardé eux-mêmes parce qu’ils s’en foutaient, ça n’aide pas), mais aussi parce que j’ai trop écrit ici ou là pour arriver à tout compiler. J’ai des brides papier ou numériques qui… parfois témoignent d’un certain talent précoce. Souvent sont juste cringes au possible. Assez pour que j’en rougisse de honte en levant les yeux au ciel. Mais bref, je montrais peu mon travail à l’époque. C’est très récent de partager vraiment. Ça coïncide avec le fait que mon entourage d’âge adulte est bienveillant et sincèrement intéressé par mon travail. Forcément, ça motive à continuer. Donc, j’ai fait un recueil de nouvelles très hétéroclites (mais toutes centrées sur l’humain d’une façon ou d’une autre), et puis, après 7 ans d’écriture, j’ai terminé ma trilogie qui est dans l’univers d’Harry Potter. Cette dernière est une vraie fierté. Pas seulement parce que je la trouve, bien qu’ayant des défauts, franchement bien écrite (oui, sans aucune modestie, j’aime la lire une fois par an) ; mais parce qu’elle m’a vraiment sauvé la mise côté écriture.
À l’origine, je l’ai commencée parce que j’ai pété un plomb en tant que rédactrice web SEO. Je bossais avec un des gros SEO de l’époque qui nous faisait pisser du signe peu importe l’intérêt narratif ou éducatif derrière. Et ce côté inepte avait fini par me faire dégoupiller. Assez pour que je ne veuille plus faire ce métier, ni écrire tout court. Mais je suis têtue, et l’idée de renoncer à quelque chose qui m’est si cher, juste parce qu’un mec égotique et toxique m’avait gonflée, m’était insupportable. Mais, comme j’étais pétée de trouille et que je n’arrivais plus à rien, je me suis mise dans un univers connu, en me disant que ça serait “plus facile” d’écrire une histoire.
Alors, non. Le travail est d’autant plus complexe. Et en fin de compte, j’ai fait une uchronie complète qui fonctionne parfaitement seule. Mais c’était une merveilleuse aventure. J’ai pu y explorer des thèmes qui me sont chers comme la notion de sacrifice, d’amour sincère, d’amitié, de vérité, de propagande et manipulation politique, de bien et de mal au sens parfois Nietzschéen… Je me suis régalé côté humour, côté horreur… Vraiment, c’était une expérience qui m’a apporté tant de joie et de partage, en grande partie grâce aux nombreux lecteurs, que j’aime d’amour “À la Moldue”. J’en suis véritablement fière.
Clairement, pour l’écrire, je vois bien combien mes années de théâtre, que ça soit en acting ou en écriture, et mes années de jeu de rôles ont pu aider. J’crois d’ailleurs que c’est là que j’ai vraiment percuté qu’en réalité, le récit n’était pas qu’une question d’écriture et qu’on pouvait le travailler sous bien des formes, à condition de le conscientiser. Bref, c’est vraiment une oeuvre majeure dans ma vie qui m’a transformée. Tellement que, depuis… Eh bien je n’y arrive plus.
J’ai une longue nouvelle inachevée, j’ai un polar inachevé, et j’ai commencé à travailler sur mon prochain roman (de l’original cette fois), mais c’est poussif. Pourtant, techniquement, je bosse toujours mentalement sur quelque chose de narratif, mais l’écriture, depuis la fin d’ALM (ou depuis mon début d’épuisement intellectuel, vas savoir…), c’est devenu douloureux.
Mais je me soigne. J’espère que d’ici la fin de l’année, je pourrai commencer à présenter les premiers chapitres de l’Épée des dieux. J’espère.
Lucie : Parfois une pause est nécessaire pour mieux rebondir. J’espère qu’on aura l’occasion de découvrir l’Épée des dieux dans quelques mois !
On va parler d’un autre livre, bien différent, que tu as écrit : Le pouvoir du storytelling. Pourquoi t’es-tu lancée dans l’écriture de ce livre ?
Camille : Ah ah, dans quelques mois… Mais c’est motivant, merci ! Pour le pouvoir du storytelling, c’est un drôle de mélange entre l’envie de partager “à clavier haut” ma vision et le froid calcul. D’abord un froid calcul, car au moment où je l’écris, je sens que le storytelling va bientôt exploser en France et que je souhaite me positionner dessus. Parce que c’est ma came, c’est “mon truc”, et puis, c’est mon ambition.
Au début, j’me dis que je vais faire un truc pratico pratique, faire en sorte qu’il se vende, tout ça… Et en fait, je me rends compte que j’ai surtout envie d’évoquer ma façon de voir ce monde, de donner ces ficelles, d’attirer l’attention des gens sur ce qu’il y a derrière le voile. (Histoire de reprendre ce que je disais plus haut). Et là, je me pose réellement. Et l’écriture vient de façon très fluide. Il ne m’a fallu, mis bout à bout, que deux mois pour le faire. Et, clairement, j’ai beaucoup à y redire aujourd’hui. J’ai envie d’adapter de nouvelles choses, d’apporter des nuances, etc. Bref, j’ai vraiment hâte de la réédition d’ici un ou deux ans.
Mais d’un livre qui se voulait être un produit calibré en preuve sociale, c’est finalement devenu une réflexion très personnelle sur ce qu’est le storytelling et ce qu’il change à travers le monde. C’est pour ça que j’ai viré les exercices qu’il y avait à l’origine et que, finalement, ce bouquin flirte parfois avec la notion d’essai.
C’est vraiment un livre qui est fait pour être donné, en fait. Il n’est pas là pour être un mode d’emploi à garder et sur lequel il faut revenir tous les 4 matins pour appliquer une méthode
On va dire que c’est un premier pas, parce qu’il m’a ouvert les yeux sur ce que je savais et le fait d’avoir un document figé me permet aussi de me rendre compte du chemin parcouru depuis en apprentissage. Sans doute pour cela que je planche déjà sur un autre livre, beaucoup moins “pratico-pratique”, d’ailleurs sur le narratif et ses implications culturelles et sociales.
Lucie : Un nouveau livre sur le storytelling ? Tu nous en dis plus ?
Camille : C’est difficile d’en parler vraiment, car j’en suis encore au stade où je lis ici ou là pour affiner ma réflexion. Dans l’essence, je voudrais évoquer la façon dont la figure héroïque est utilisée, en particulier par tout un chacun depuis l’avènement du micro-récit permis par les réseaux sociaux. Je lis du coup pas mal de socio, de philo, des textes issus de mythologues, etc. Bref, je me plonge dans cet univers protéiforme de la mise en scène de soi et d’une figure quasi-divine. J’ignore encore quelle forme cela prendra véritablement, à part certainement un humble essai.
Je n’ai qu’un titre et sous-titre provisoire à partager : “Hérauts des temps modernes, l’anaphore du “moi je””. C’est encore très vague tout ça, me connaissant, il faudra attendre encore quelques années avant d’avoir quelque chose. À moins que le résultat ne me satisfasse tellement pas que je jette aux orties le projet.
Lucie : Deux livres sur le storytelling, mais aussi deux approches différentes alors ! Est-ce que cela veut aussi dire que le public que tu vises n’est plus le même ?
Camille : Excellente question ! Disons que la démarche n’est plus la même, oui. Le premier était clairement pour “la fame”, et je voulais qu’il soit tout de même actionnable. Suffit de bien le lire pour y trouver ma méthode de conception, franchement. Le second est plutôt pour aller en profondeur sur une réflexion qui, je pense, nous concerne non seulement tous, mais est essentielle.
Bien entendu, ça reste actionnable quand on est un peu malin. Mais je pense que ça s’adressera naturellement aux gens “qui réfléchissent trop”. Mais, sincèrement ? Je ne le pense pas comme un produit celui-ci. Je ne suis pas en train de réfléchir à la question de son public, etc. J’ignore même si la maison d’édition me suivra dessus (ou même s’il verra le jour, comme dit plus haut). J’explore.
Ce qui est, du moins selon ma vision, la voie d’un narrateur (ou storyteller si tu veux vraiment brander le truc) : explorer les récits. Ce que je fais depuis plus de vingt ans maintenant, mais cette fois, c’est “pour le travail” 😀
Lucie : Est-ce que ça veut dire que ce livre va se rapprocher de tes threads linkedin ?
Camille : Difficile à dire. Je me suis amusée à gratter, justement, hier un début pour voir où j’allais (parfois, passer à l’action en cours de réflexion aide à affiner la réflexion, justement) et ça ressemble davantage à un article avec sources qu’à un thread didactique. Il n’y aura probablement pas d’illustrations, sauf si j’en mets volontairement pour aérer et soulager un peu la lecture.
Encore une fois : je ne sais même pas si ça va intéresser une maison d’édition ou la mienne. C’est clairement “pour moi”, parce que je veux mener cette réflexion et la coucher sur papier que je me suis lancée dans ce projet ^^’
Lucie : On va sortir le nez des livres, pour revenir sur tes autres projets : quand tu n’écris pas de livres, tu fais du storytelling pour des clients, tu nous expliques comment ça marche, comment tu t’y prends ?
Camille : Ca dépend…? 😀
Bon, en réalité, c’est comme pour toute prestation d’accompagnement : analyse de la demande, formulation de la solution, mise en oeuvre, etc. etc. En ce moment, j’ai deux types de clients en particulier : ceux qui cherchent à créer une identité de marque et ceux qui cherchent à retrouver du sens au sein de leur marque. Dans un des cas, on va tout fouiller de A à Z, dans l’autre, on va reprendre le temps de reprendre pied avec l’existant. Dans les deux cas, je considère que je ne “crée” pas le storytelling d’une marque. Je ne fais que faire des liens narratifs dans ce qu’il y a d’existant.
Je travaille beaucoup via carte heuristique, c’est vraiment la meilleure façon que j’ai trouvée pour spécialiser ma pensée auprès des clients, et même de moi-même. Je commence par collecter des informations au cours d’ateliers (aujourd’hui, ils sont fouillés, avec des design et des mini-jeux parfois), puis je reclasse ça proprement et j’explore dans un temps 2.
Tout y passe : valeurs, why de sinek, message, parfois création de slogan quand c’est demandé, analyse des conflits de personas, manifeste, et… le plus fun à mes yeux : le storytelling.
Ca, c’est l’étape 1 en question, je prends plein de notes de partout. Ensuite, je fais la seconde étape :
Je commence par toute la moitié basse en orange, rose, vert et bleu. C’est là que j’ai l’ADN de la marque. Puis, j’explore en haut en rose le storytelling. C’est “très simple”, j’éclate ce qu’on appelle le schéma actanciel pour le concevoir : quel est le conflit de cette histoire, quelle est la place du client, celle de la marque, quel est l’objet merveilleux, etc. etc.
J’utilise beaucoup Midjourney pour conceptualiser mes idées et les tester. Ensuite, quand tout ça est validé par le client, on passe à l’architecture de la mise en oeuvre : charte édito et charte graphique.
Je fais des recos graphiques, couleurs, polices, si jamais c’est demandé dans le devis. Ici, c’est pour une agence qui va bientôt voir le jour, j’ai compilé mes recos graphiques dans un doc qu’on a envoyé ensuite à un graphiste pro pour réalisation (j’ai p’tet la fibre artistique, mais c’est pas mon job !).
Et, à la fin, tout ça donne, en l’occurrence un brandbook (une bible complète de marque).
Voilà un peu à quoi ressemble mon quotidien. Avec des passages où je conçois des maquettes pour des clients qui veulent vraiment que je gère tout :
Et puis, des fois, c’est aussi accompagner des gens qui ne savent plus très bien où ils en sont avec leurs propres clients. Alors, on va reprendre ma bonne vieille méthode de la carte et tout poser à plat.
Je travaille par association et itération, comme n’importe quel créa, je crois. Mon job est de mettre en lumière ce qui existe déjà et de sélectionner les meilleurs éléments (anecdotes, mots, couleurs, images) pour bien raconter l’histoire. Pas celle de la marque, en réalité, on s’en fout complètement ! Ce qui nous intéresse vraiment quand on fait du bon marketing, c’est l’expérience client. Ou l’histoire que vivent les clients grâce à la marque, s’tu préfères… Mes clients disent toujours à un moment ou à un autre de la prestation : “Putain, j’avais pas pensé à ça… !” Donc, si je dois synthétiser ma méthode c’est : offrir l’approche narrative aux gens. (Et encore, j’t’ai pas parlé de la fois où j’ai fait changer d’ordre de slide à un manager pour sa présentation, ni ne lui ai conseillé telle chemise plutôt qu’une autre…)
Lucie : Puisque tu me tends une perche… si tu ne devais retenir qu’une seule anecdote depuis que tu fais ça, ça serait laquelle ?
Camille : Han ! Alors là… Qu’est-ce que j’en sais ?!
Car, il y a des moments qui ont été importants dans mon avancée. D’autres qui étaient satisfaisants, etc… Plutôt qu’une anecdote, je vais parler d’une sensation, alors. Celle où “tout devient limpide”. Parce qu’à chaque fois que je bosse sur une marque, au début, je me dis toujours “mais pourquoi je prétends savoir faire ce métier, hein ? Je ne sais pas par où commencer !”. Et c’est marrant, parce que j’avais à peu près la même sensation quand je faisais du théâtre. Au moment d’aller sur les planches pour ma première scène (chaque soir, en plus !), je flippais comme ça et avais envie de me dégonfler. Et puis… tu t’y mets, et la magie opère. Le puzzle prend forme sur la carte heuristique, tes petits pieds te portent pour effectuer ton ballet. J’adore ce moment magique. C’est une sorte de perfusion de “zéro à héros” (enfin ici, “héraut”) en deux minutes.
Et on rejoint ce que je disais plus haut : ce qui m’importe, c’est quand les choses trouvent du sens. C’est l’essence de mon métier et de mon mode de vie.
[Après une pause réflexion]
Oh, tiens, si, j’ai une anecdote : une agence de com’ qui me demandait de faire un naming de résidence pour un gros groupe immobilier. Je fais à bloc des recherches sur le lieu, recherches historiques, recherches symboliques, etc. (C’était à Draguignan que la résidence allait être construite). Un projet en hauteur, résidence familiale, bla bla bla… J’ai retenu trois noms : La Fado, L’Esterel et Belvia. (Et tu verras à la DA des plaquettes que ça date). J’explique en plus pourquoi à chaque fois et la symbolique de ces noms (cf : docs)
J’avais fait tout ce taff pour 500 balles (à s’en taper le cul parterre de rire, quand même). Tu sais ce qu’il s’est passé ? L’agence a pensé que le client n’allait pas aimer et a proposé d’autres noms plus “classiques”. Le client a retenu “L’Envol” (bah oui, c’est en hauteur, et c’est pas comme si 50 projets immo avaient le même nom en France…).
Et l’agence n’a plus jamais voulu rebosser avec moi.
À l’époque, j’étais persuadée d’avoir mal fait mon travail et d’avoir facturé trop cher… 5 ans plus tard, je suis convaincue que j’avais fait un excellent boulot et que ça valait six fois plus. (En toute absence de modestie)
Lucie : Je savais que tu en trouverais une 😉
Bon, on arrive vers la fin de l’interview, et donc l’arrivée de mes questions (presque) existentielles !
Quelle est la question que tu aurais aimé que l’on te pose en interview ? Et bien sûr… je te laisse y répondre !
Camille : Merlin, mais t’as vraiment des questions impossibles… ! [Après une pause de plus d’une semaine et une relance de ta part avec suggestion d’idées…] Okay, voici : “Quelle est ta recette de la carbonara ?” histoire de déclencher l’engagement par la réactance !
- Émincer des oignons et les faire revenir dans un peu d’huile d’olives.
- Émincer des champignons bruns et les faire réduire dans la même poêle.
- Déglacer une première fois avec un peu de porto (ou tout autre vin cuit dans le genre, idéalement, un marsala oeuf).
- Ajouter des lardons allumettes fumées et les faire blanchir dans la poêle.
- Redéglacer avec une lichette du même vin cuit.
- Ajouter de la crème liquide 20 ou 30% (soyez pas radins, le gras, c’est la vie !)
- Salez avec du gros sel de Guérande. Poivrez avec un poivre à plusieurs baies. Ajouter une pointe de muscade.
- Laissez réduire à feu doux jusqu’à ce que la sauce s’épaississe.
- Ajouter un bouchon de vin cuit (oui, encore). Enfin, ça dépend de votre goût.
- Laissez un poil réduire si c’est trop liquide.
- Servez ça sur de bonnes tagliatelles fraîches, ajouter un jaune d’oeuf et selon le goût, du parmesan.
- Débrouillez-vous pour le vin ou l’eau gazeuse, chacun ses goûts.
- Profitez de ce qui est, je cite mon entourage, la “meilleure version de la carbonara qu’ils aient mangée.” Mais normal, c’est pas une vraie. Une vraie, déso, pas déso, c’est pâteux.
- Tut-tut les puristes !
Lucie : J’espère que quelqu’un testera et nous donnera son avis !
Ça y est, tu arrives à la dernière question de l’interview : Qu’est-ce que tu aimerais dire à la petite Camille si tu pouvais aller lui parler ?
Camille : C’est une question vraiment (trop) intime, en fait. Et il y a deux façons de répondre : sincèrement ou en accord avec son image de marque. Oui, c’est bien un “Ou”. Parce que vu la nature de la question, y répondre sincèrement n’a rien de professionnel. En accord, je dirai un truc comme ça : “De continuer à cultiver cette curiosité et cet amour pour les histoires, de continuer à s’amuser avec la narration et de ne pas écouter les gens quand ils disent que le jeu de rôles et les jeux vidéos sont immatures, etc.” Bref, j’essaierai de montrer que j’étais déjà “de la graine de storyteller”. Ça permettrait de filer la narration de la vocation. Ce qui est vrai, en plus.
Mais, en réalité, tu me donnes l’opportunité de parler à l’enfant que je suis, je ne parle pas boulot. Clairement pas. Alors, sans trop en dévoiler et pour répondre sincèrement, je lui dirai : “Courage, moi, je t’aime.”